Attention MLCLB incoming !
J'ai un peu cogité sur les actions de ces derniers jours...
Disons que c'est l'isolation dans les bois qui est propice à la méditation.
Et je dois admettre que j'ai pas été bon du tout (Ouahou la révélation !
).
Mais pas forcément dans les actions qui ont menées à ma reddition (ou j'ai plutôt souffert d'un manque d'information), plutôt dans mon rôle stratégique et mon influence sur la partie.
D'abord je m'explique sur ces actions.
(Pour Oli si je survis, pour le public si je péris ! (Je vais en faire une devise tiens, ça sonne bien
))
A 11h quand j'ai l'info des mouvements ennemis sur mes lignes de communications je n'ai identifié que 5 formations françaises.
3 au sud (Stenay, Dun, Damvillers (je n'ai plus de doute sur l'existence de cette formation). Et donc 2 au nord (plus de la cavalerie)).
Ennuyant mais rien de bien dramatique encore, j'ai confiance dans le fait que je peux battre chacun de ces regroupements séparément, d'autant plus qu'au sud ils sont encore (d'après mes infos pas fraîches (et j'aurais du plus cogiter là dessus avant de bouger, mais il fallait prendre une décision rapidement pour pas me faire isoler)) encore séparés.
Alors que faire ?
J'avais cinq possibilités (à mon avis).
Me regrouper à Carignan mais perdre mes voies de communications et mon ravitaillement et risquer de me faire couper la route Carignan-Montmédy, à ce moment le risque n'était pas immédiat (en fait si, mais je ne l'avais pas encore détecté) mais je le percevais bien vu le peu de route dans la région, c'était la force et la faiblesse de Carignan.
Me replier vers nos lignes du Luxembourg, j'y ai pensé, très fort et j'ai beaucoup hésité.
Mais c'est une réflexion qui venait trop tard en fait, j'aurais pu sécuriser mon ravitaillement à Carignan en faisant établir un dépôt vers Tintigny ou Florenville. Je n'ai pas assez potassé les cartes de notre propre territoire, ça fait partie de mes erreurs, je vais y revenir.
Ce qui m'ennuyait dans cette démarche c'était de fuir une menace française encore distante et abandonner mes positions entre leurs lignes de même que mes dépôts (ce qui n'est pas dramatique, mais m'a pris 3 jours à installer) tout en ayant gagné que 3 jours pour la couverture des forces du duc.
Marcher sur Montmédy ou Sedan. Sedan c'était mort, je me faisais encercler dans la foulée. Montmédy, c'était une possibilité, mais ils pouvaient bouger leurs forces pour défendre la forteresse et m'ôter tout espoir d'une prise rapide, je me serais retrouvé à devoir retourner en arrière pour aller à Florenville avec des colonnes françaises qui arrivent ou à marcher en cross country. Et à ce moment là, je n'y tenais pas absolument.
Engager leurs forces marchant du nord pour protéger mes lignes de communication. Le message de Dillon et leur avancée en faisait l'action la plus évidente et rien que pour ça, elle me déplaisait, ça puait le piège. Ne serait-ce que parce que j'abandonnais Carignan et que eux auraient eu beau jeu de se replier à Bouillon ou dieu sait-où en refusant le combat.
Restait donc une marche sur Stenay, qui bien que très risquée (car derrière mes lignes) me tentait pour plusieurs raisons.
D'une, je gardais l'initiative contre des ennemis qui essayaient de me la prendre et de forcer mes mouvements. Et ça c'est important.
Ensuite, à ce moment là de la journée, ça restait 30 000 français contre 15 000 autrichiens, tendu, mais si en face c'était des gardes nationaux et des volontaires, ça pouvait se faire, surtout que, encore une fois à ce moment là, ils étaient dispersés.
Vu qu'il n'y avait personne à Montmédy et que ça n'avait pas bougé à Stenay, je n'ai pas réalisé l'ampleur du piège et que j'étais victime de la concentration mosquitienne que j'avais anticipé pendant la réalisation du plan coalisé (et je vais y revenir aussi).
Je pensais qu'il s'agissait d'une initiative du commandant français local pas encore totalement coordonnée avec les autres. Une action de diversion pour me couper de mes lignes et me fixer.
Ensuite, à Stenay j'avais bon espoir d'engager l'ennemi en rase campagne s'il se sentait sûr de lui ou s'il voulait défendre les ponts sur la Meuse, contrairement à une marche directe sur une forteresse.
Ca me permettait de profiter de l'éloignement des deux colonnes loin dans le nord occupées à chasser mes cavaliers pour foutre une pilée aux autres unités françaises pendant ce temps et marcher tranquillement vers Montmédy/Longwy/Arlon en fonction de ce qui se passait ensuite.
De Broglie bloquait l'axe de Montmédy et pouvait mettre le siège de la place ou me rejoindre. Mais je n'y tenais pas absolument car je n'étais pas sûr que les émigrés me soient très utile au combat et d'un point de vue gamey, ça faisait de ma colonne une force de plus de 20 000 hommes, je prenais quand même un risque même s'il était (mal) calculé et je ne voulais pas risquer de mettre tout le monde game over au bout de trois jours sur un truc de ce genre.
Bref à ce moment là de la journée ça semblait une option intéressante.
Reprenons la marche (funeste) des évênements.
Quand j'ai appris qu'une colonne allait à Montmédy, ça ne m'a pas trop inquiété ou surpris, je savais qu'il y avait du monde à Dun, je comptais la neutraliser avec la présence de De Broglie menaçant la forteresse et la prendre de dos avec lui si elle l'ignorait.
Ce qui m'inquiétait c'était de savoir ou était la dernière colonne du sud. Elle me semblait trop loin pour aller à Montmédy et je la voyais plutôt arriver à Stenay (et je l'ai cru pendant toute la bataille).
La division à Beaumont m'a totalement pris au dépourvu et compliqué tous mes plans. J'avais pourtant donné des consignes pour des reconnaissance au delà de la Meuse en passant par Mouzon.
Là j'ai commencé à m'inquiéter. On passait de trois colonnes dispersés à 4 dont trois capable de se soutenir, le rapport de force était pas fameux du tout.
J'ai envisagé de rebrousser chemin, mais je me suis inquiété du temps perdu par le hors piste (une journée de marche foutue en l'air), de la fatigue, du moral et de ce qui déboulait de Mortehan le lendemain (sans compter qu'à présent je courrais le risque sûr et certain de me faire couper la route Carignan-Montmédy en sus).
Je me suis dit que je ne pouvais plus vraiment faire marche arrière et que je n'avais plus qu'à prier pour gagner rapidement le lendemain matin.
A ce moment là, je comptais encore sur les délais de communications et ma présence (et celles de mes patrouilles) entre leurs lignes à peu près partout pour les prendre un peu au dépourvu malgré tout et empêcher une réponse coordonnée et efficace rapidement. Ca c'était être trop optimiste, mais je le pensais vraiment.
Mais je n'étais plus aussi sûr de moi. Plus du tout même, le risque calculé devenait un gros pari moisi.
Ensuite j'ai appris que c'était des réguliers à Stenay, certes je n'ai pas été curieux plus tôt, mais c'est une mauvaise nouvelle de plus qui gâte mes possibilités de gagner rapidement.
A 22h c'est la goutte d'eau de trop.
Une division de plus à Sedan.
Voilà, je ne peux plus revenir en arrière du tout et je suis même menacé d'une attaque de dos pendant la bataille.
Ma seule issue à présent c'est de gagner vite en priant que la colonne de Damvillers arrive trop tard ou soit aux fraises et que De Broglie (sur qui je ne comptais qu'indirectement) arrive à temps, beaucoup trop de facteur chance à mon goût.
La suite on la connaît malheureusement.
Alors pourquoi je me suis retrouvé là ?
Mauvaises recos ?
Oui, idéalement j'aurais du repérer les troupes de Beaumont et les mouvements des unités du sud. Cette ignorance m'a poussé à trop d'optimisme dans mes plans. Et ça je n'y peux pas grand chose, c'est pas vraiment de mon ressort, j'avais bien donné des ordres.
Mais je suis aussi coupable (et ce coup-ci entièrement) d'une grosse erreur c'est d'avoir ignoré l'Ouest. Et ça c'est le principal problème en fait, car je n'ai pas compris que le gros des forces françaises avec Dumouriez se trouvait vers Givet-Charleville et marchait sur moi.
Et ce qui est con c'est que ça ne repose que sur des considération de méta-jeu et pas du tout des considérations stratégiques.
D'une, avec le plan d'Oli et les indications de SP sur mes déploiements possibles, je me suis donné mentalement dès le début une zone d'opération restreinte autour de Neufchâteau pour gêner les communications françaises et faire croire que nous envisagions d'assiéger l'une des trois forteresses alentour pour gagner du temps pour Druss et Olil et me déporter ensuite vers Joukov.
Du coup, ce qui se passait à l'Ouest ne m'intéressait pas vraiment, je n'avais aucune intention d'y aller. Et c'est très con parce que du coup je me suis focalisé sur mes intentions et pas sur celles des français.
Pour faire une analyse stratégique miteuse en me basant sur l'art de la guerre, je me connaissais très bien, mais pas du tout mon ennemi.
Or :
- Sun Tsu a écrit:
- "Si vous connaissez vos ennemis et que vous vous connaissez vous-même, mille batailles ne pourront venir à bout de vous. Si vous ne connaissez pas vos ennemis mais que vous vous connaissez vous-même, vous en perdrez une sur deux. Si vous ne connaissez ni votre ennemi ni vous-même, chacune sera un grand danger."
Et c'est exactement ce qui s'est passé !
J'avais quand même prévu une reconnaissance sur Givet au début dans l'enfilade du QG, pour éclairer la marche de Druss, mais à la relecture des ordres du premier jour, elle est visiblement passé à la trappe, c'est un oubli très con.
Ensuite, toujours dans le méta-jeu, j'étais initialement très inquiet du risque d'une concentration ennemie qui anéantisse nos forces de couverture séparément, c'est vraiment lamentable que j'ai été celui qui se fasse avoir par un mouvement qu'il avait prédit lui même.
Mais l'argument de Joukov sur la solidité de nos forces, l'intérêt du français à jouer l'attentisme dans un scénario long, l'idée qu'ils seraient sûrement très dispersés eux aussi, idée renforcée par Oli qui nous a dit que Dumouriez était à Valenciennes (c'est lui le spécialiste de l'ancien régime et de la région, je l'ai cru sur parole
), ont un peu calmé (trop même) mes craintes initiales et je n'ai pas pris avec le sérieux nécessaire la découverte de tant d'unités dans mon secteur.
Encore un problème de méta-Jeu, je ne suis pas le commandant en chef ! (et je ne voulais pas l'être par ce que je connais mes faiblesses et que j'avais pas envie de gérer les égos des joueurs).
Du coup je ne me suis plus inquiété du plan général une fois la partie lancée, je me suis dit que c'était aux prussiens qui avaient toutes les infos de me donner des consignes en fonction des besoins, mais ils ne m'ont fait part d'aucuns besoins (A part Oli qui était inquiet de trouver de la cavalerie à Longwy...) et d'aucune recommandations.
Du coup je suis resté sur mon idée de faire illusion et de me coordonner après avec Joukov (et dans mon esprit suite à nos discussions, la partie durant un mois et le siège des forteresses pouvant durer, on avait le temps de voir venir).
Je me suis aussi séparé de Saxe-Tieschen trop facilement. C'était encore et toujours du méta-jeu plus que de la stratégie (mais une once de stratégie quand même), il était loin de moi si je me mettais à Neufchâteau, on privait la colonne de Brunswick et Oli surtout de pas mal de troupes pour renforcer Joukov qui serait seul longtemps et isolé et qui en avait bien besoin. Du coup donner Saxe-Tieschen aux prussiens qui passaient par chez lui et me donner les français me semblait un bon moyen d'équilibrer les commandements.
Avec le recul ce que j'aurais du faire :
Garder le contrôle de Saxe-Trucmuche, me déployer à Namur, forteresse solide et garantissant mes communications et mes approvisionnement plutôt que dans le fin fond des Ardennes (mais plus proches de Joukov et des prussiens et me permettant de gêner les communications françaises), faire jonction avec sa colonne et opérer en couverture de Brunswick au sens propre, c'est à dire plutôt que de m'agiter dans les Ardennes sans résultat concret, essayer d'avoir une influence stratégique directe sur le déroulement de la campagne de Brunswick en Belgique. D'autant plus que j'aurais pu le soutenir une fois arrivé sur place, ce que je n'aurais pas pu faire dans le premier plan.
Rétrospectivement, compte tenu de ce que j'ai appris des déploiements français c'était la meilleure idée.
Mais elle avait le défaut d'isoler totalement le pauvre Joukov loin de tout.